Hommage à Arthur Rimbaud - Improvisation en nocturne
- Ascendances

- 3 déc.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 déc.

IMPROVISATION EN NOCTURNE
à Arthur Rimbaud
"Je suis un inventeur ... un musicien même, qui ai trouvé
quelque chose comme la clef de l'amour"
(Arthur Rimbaud, Illuminations, Vies, II).
J'ai trouvé !
Un ... Deux ... Trois !
Sur la table d'harmonie, j'ai écrit un opéra inouï comme le mot LIBERTÉ!
J'ai trouvé la Clef du Soleil !
Sur le tableau noir de mes nuits, j'ai écrit ton nom comme le mot ETERNITE !
Elle est retrouvée. Quoi ? L'électricité !
Le son du corps retentit le soir au fond des bois car le corps est la musique universelle sacrée qui donne la clef de l'amour. C'est une musique de silences. Magie noire ou magie blanche dans la mesure ou dans la démesure.
D'abord, règle majeure : assurer la touche.
Puis le souffle. Ainsi naît le baiser dans un enchevêtrement de roseaux. Un coup de baguette magique et le rideau est levé...
Je compose lentement sur la gamme chromatique de ton corps, pinçant
délicatement, une à une, tes cordes sensibles. Je file de mes caresses une toile électrique sur les chemins de ta peau. Je me mets à ton diapason. Nous jouons à l'unisson un accord parfait.
Lentement, de ta tête à la caisse de résonance qu'est ta poitrine gonflée de mille notes sauvages qui gesticulent, voulant éclore telles des fleurs de papier à musique, je cherche la rosace qui, presto, délivre la vie en ondes magiques.
Au-dessus de la rosace, quand on touche, le son est doux et velouté. O mignonne ! allons voir si la rosace ...
J'effectue un glissando qui paraît ne jamais vouloir se terminer. Puis je te guitare tendrement. Je te mandoline. Je te pianote pianissimo et nous jasons dans l'arène de nos désirs, buvant la fameuse Boisson d'Or des Poètes. Je te symphonie érotique. Je t'opéra sensuel. Je te concert baroque. Je t'exécute amoureusement. Baladin orphique sur le chevalet Pégase, je m'élance hardiment vers un autre ciel. L'instant est grave et solennel.
Le vent a emporté la partition écrite depuis la nuit des temps, me laissant à l'improvisation.
Surtout, ne pas perdre la cadence.
Je suis environné d'une multitude d’images : rondes, blanches, noires, croches. Figures animées qui m'accrochent et me décrochent.
C'est l'apothéose du duo. C'est l'envolée dans tous les sens, le grand éclat dans l'harmonie subtile et l'accord triomphant.
Le rythme s'écoule tel un adagio pour se poser en feuille morte. La musique amadouée s'est tue peu à peu pour se recroqueviller dans l'océan de draps bleus où nagent encore, entre deux notes coquines, ton parfum d'audace, quelques échos salés dans le silence.
J'ai rangé mon cœur en bandoulière dans la boîte à musique. J'ai serré très fort la clef de mes désirs en demi-ton dans l'attente d'autres mélodies.
Tous droits réservés, PB., Ascendances.1978-2025.

En travaux...

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